Un
jeu de rôle en Français
Edité par Juda Prod
A bout portant dans
la tête, y'a que ça qui les arrête ! Pour nous changer du médiéval-fantastique
omniprésent, Juda Prod nous sort un jeu d'horreur bien saignant comme
on les aime. A mi-chemin entre Braindead et Evil Dead, Zombies trouvera-t'il
la solution pour sortir de leur tombe les rôlistes blasés par l'année
du Dragon ?
Grugé ! DECU ! Je suis terriblement contrarié en terminant cette pré-version
de Zombies (voir la note en bas d'article). Dans les crédits, on nous
promet dans les bordures et fonds de page Neve Campbell. Or je suis
membre de son très officiel et très canadien fan-club et je suis absolument
outré : rien ! PUBLICITÉ MENSONGÈRE ! Ca va chercher dans les vingts
ans ça, non ? Ca va saigner les enfants !
C'est quoi d'abord ce jeu où y'a pas Neve ! Zombies vous propose (tout
comme All Flesh Must Be Eaten) d'incarner un mort-vivant (surprise
!!!) ou un chasseur de mort-vivant (re-surprise !!!). Bref, vous avez
deux jeux en un, ou la possibilité de faire glisser l'un vers l'autre
(de chasseur à zombie). Il existe plusieurs moyens de devenir un monstre
avide de sang et de cervelle. En cela, les auteurs ont habilement
repompé tous les clichés cinématographiques existant (on regrettera
juste l'absence du zombie à la Frankenstein, trop éloigné du zombie
expérimental à mon goût). Du coup, on a un panel de professions assez
important et des raisons de revenir sur terre assez variées.
Le tout se passe dans un monde légèrement futuriste (2010), sombrant
dans le chaos le plus total. Et si j'avais une critique à émettre
(ouaip, d'ailleurs c'est un peu mon boulot, non ?) seul le MJ peut
avoir accès au livre des règles. Pourquoi ?
Parce que dès le début,
le joueur peut savoir pourquoi les morts se relèvent. Plus grave,
dans le premier chapitre de la création des personnages, le thème
et la petite surprise qui attendent les joueurs dans le scénario en
fin de livret, sont donnés. Bref, ça fait un peu désordre et ça prive
le joueur du plaisir de potasser le jeu.
Clatu, Verata, N... !
Le système de jeu est à base de pourcentage et assez simple à utiliser
(moi j'aime bien). Une petite table de combat à main nue peut servir
de pense-bête durant les affrontements. Rien à dire, l'ensemble est
clair, efficace, et dynamique. C'est ce qu'on attend pour ce type
de jeu. J'ai un peu tiqué sur les bonus alloués en fonction des origines
ethnique (malgré les dénégations des auteurs). Non, tous les noirs
américains ne sont pas des athlétes et je ne vois pas en quoi un Hébreux
à une meilleure dextérité qu'un Nord-africain. C'est quoi ce délire
? Pour le reste, c'est bourré de petites trouvailles de meilleur goût
auxquelles tout le monde à pensé un jour sans oser les coucher sur
le papier (compétences McGyver, Jéopardy, etc.). Il manque la compétence
Sherlock Holmes (ou jet d'Idée à AdC) et le classique Cacher Objet
Trouvé.
Bien entendu (c'est un peu l'intérêt du jeu), les règles concernant
les Zombies prennent une bonne part du système. Nos gentils morts-vivants
ont de nombreux pouvoirs et caractéristiques qui rendent leur incarnation
assez sympathiques (gérer la putréfaction est un art).
Zombie la mouche.
Un bons sytème bien classique, un monde assez sombre et suffisament
original pour jouer un moment. OK et maintenant ? Le reste du livret
est consacré à la façon d'aborder cet univers. Deux possibilités s'offrent
à vous : jouer fun (qui a dit In Nomine Satanis ?) et casser de la
pin-up hurlante en nuisette, ou sérieux (qui a dit Magna Veritas ?)
et fuir du Zombie manipulé par des forces occultes. Donc, soit de
la campagne stressante, soit du one-shot délirant. Franchement, les
deux versions doivent avoir leur intérêt (c'est la différence entre
Evil Dead I et III). Nous avons donc un jeu de qualité, un thème amusant
et des possibilités de jeu assez riche. La seule question que je me
pose, c'est la nature du public visé. A sa sortie, INS/MV a bénéficié
d'un public jeune et dynamique, le même public qui peut être tenté
par Zombies. Mais cette population existe-t'elle encore ? Franchement,
je l'espère parce que même si ce n'est pas le jeu de la décennie,
Zombies est tout de même l'une des meilleures productions françaises
du moment.
Petite note agacée
On me l'aura répété une dizaine de fois, mais je pense que j'aurai
deviné tout seul, que le manuscrit mal relié, photocopié recto et
non-corrigé n'était pas la version définitive. Merci. Donc je ne vous
parle pas des petits bugs de maquette et des fautes qui vont disparaître
dans la version finale mais je ne vous parle pas non plus (subséquemment)
des dessins que j'ai trouvé fort amusants et de grande qualité, de
la mise en page agréable et rigolote et des nombreuses citations en
marge qui donnent une bonne idée de l'atmosphère du jeu (et le prince
des Ténèbres, alors, il est où ?). Non, je ne vous en parle pas puisque
ce n'est pas une version finale. Non, non...
Backstab N° 23 - Septembre / Octobre 2000
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