ZOMBIES

Tout jeune bambin, un soir que vous regardiez Michel Drucker à la télévision, vous avez été traumatisé à vie par Thriller, le
célèbre vidéo-clip de Michael Jackson. Depuis, les années ont passé mais votre fascination pour les zombies est demeurée intacte. Et aujourd'hui, quand vous n'êtes pas en train de visionner en boucle la trilogie des morts-vivants de George Romero,
vous ne décollez plus de la série des Resident Evil. Pas de doute, Zombies, le jeu de rôle qui promet "des soirées mortelles",
et fait pour vous !

2010. En à peine une décennie, l'état de la planète s'est considérablement dégradé. Pour tout dire, le monde est en plein n'importe quoi. Jugez plutôt l'Union Européenne, devenue une fédération, et les Etats-Unis, dirigés en sous-main par la CIA, s'enfoncent chaque jour davantage dans le totalitarisme. Le Moyen-Orient et l'Amérique Latine sont ravagés par la guerre, tandis que le Japon, exsangue, ne se remet pas du grand tremblement de terre qui l'a dévasté. En Afrique, les choses ne vont pas mieux, à tel point d'ailleurs que la population a massivement déserté les villes. Mais la palme revient certainement à la Russie qui, vitrifiée par une guerre nucléaire, ne survit plus qu'en sous-sol, seule protection efficace contre des radiations mortelles qui saturent la surface. Tant et si bien que c'est l'Australie qui, tirant profit du chaos général, est devenue de facto la première puissance mondiale (l'effet J.O. peut-être ?).

Mais il y a pire. En effet, comme si tout ceci n'était pas encore suffisant, les morts commencent à se relever massivement de leurs tombes. La zombification, qui dans les premiers temps de son apparition (autour de l'An 2000) pouvait encore passer pour une bizarrerie supplémentaire de la nature, évolue désormais à grands pas vers une phase proprement pandémique. L'affaire a pris de telles proportions, que les autorités ne pourront certainement plus cacher très longtemps à leurs concitoyens que des zombies de toutes sortes, affamés de sang et de cervelle humaine, déambulent en toute liberté dans les rues.

Surfant sur un thème très proche de All Flesh Must Be Eaten, un jeu récemment publié (en américain) par Eden Studios, Zombie est la première production de Juda Prod, une toute jeune maison d'édition lilloise. Dès les premières pages de leur livre de règles, les Français se distinguent cependant par une approche plutôt personnelle des morts-vivants : avec Zombies, "jeu d'horreur kitsch", pas question de se prendre trop la tête. L'idée serait plutôt de passer des nuits de jeu mémorables dans une ambiance de série Z ou B, selon que l'on se contentera de casser du zombie (ou de l'humain, c'est selon) ou voudra explorer un peu plus en profondeur la tragique condition de ces ressuscités pourrissants. Les auteurs conseillent d'ailleurs de commencer par créer des personnages humains, qui trouveront ensuite assez facilement dans le cours du jeu à passer de l'autre côté de la barrière. Heureusement, quant à ce qui est d'incarner un zombie, les possibilités ne manquent pas viral (la non-vie, mon bon monsieur, ça s'attrape), expérimental (façon monstre de Frankenstein amélioré), occulte (produit de puissants rituels magiques), nucléaire (Tchernobyl, boum !), ou âme en peine (fantôme réincarné), chaque archétype, décrit avec précision, élargit d'autant un concept qui sinon pourrait rapidement devenir répétitif.

Consciente que, pour assurer la pérennité de la gamme Zombies, il faut impérativement la développer dans le sens du jeu en campagne, l'équipe de Juda Prod annonce d'ores et déjà la publication de plusieurs suppléments. Sorti dans la foulée du livre de base, l'écran contient les traditionnels errata ainsi qu'une aide de jeu très complète destinée à gérer les courses poursuites entre véhicules. Plus intéressant, car moins linéaire, que celui proposé dans les règles, le scénario qui les accompagne laisse entrevoir ce que pourrait être l'avenir de Zombies : des intrigues à base d'occultisme et de conspirations politiques, saupoudrées d'une bonne dose d'action et d'aventure. Plutôt intéresssant. Pour la suite, Fait des Râles devrait normalement être paru au moment ou vous lirez ces lignes. Ce supplément entièrement consacré à l'Europe, s'annonce comme un accessoire essentiel, le background du jeu ayant besoin d'être décrit plus en profondeur. En février, on attend Momies, qui comme son nom le laisse deviner, s'arrêtera sur ces morts-vivants venus d'aussi loin que l'Egypte pharaonique ou l'Amérique précolombienne. Enfin, en avril, Os et Cultes sera dédié à la magie et qux nombreuses sociétés occultes. Bref de nombreuses soirées mortelles en perspectives...

D-Side n°2 - Janvier / Février 2001